Histoire du CSAI

COORDONNATRICE - CONCERTATION ET PARTENARIAT

Le CSAI, 75 ans d’engagement dans l’accueil et l’accompagnement des personnes réfugiées et immigrantes vers une citoyenneté pleine et entière

Dans cette infolettre, vous découvrirez l’histoire du Centre Social d’aide aux immigrants des années 2000 à 2017. Avant de commencer la lecture de cet article, si ce n’est pas déjà fait, nous vous invitons à prendre connaissance du premier chapitre qui couvre l’histoire du CSAI de sa naissance en 1947 jusqu’à la fin des années 60. Ce chapitre met en évidence le rôle de pionnier du CSAI dans le domaine de l’action sociale et de l’accueil des personnes réfugiées et immigrantes. Le chapitre 2 raconte l’histoire de l’organisme des années 70 aux années 2000.

2001 à 2010, des années charnières, une première direction laïque à la tête du CSAI

La destruction le 11 septembre 2001 des tours du World Trade center à New York par deux avions dont l’équipage a été pris en otage par les membres d’une organisation terroriste islamique, Al-Quaïda, marque un tournant dans l’histoire de l’intégration des personnes immigrantes. Tant les témoignages que les statistiques sur les crimes haineux le démontrent : les attentats de 2001 à New York teintent considérablement le regard porté sur les musulmans, au Québec et ailleurs. Vingt ans plus tard, l’amalgame trompeur entre islam et violence reste bien présent. Le travail de déconstruction des préjugés, de lutte contre le racisme et la discrimination du CSAI est plus nécessaire que jamais. 

C’est aussi en 2001 qu’est adoptée la politique gouvernementale sur l’action communautaire autonome. L’action communautaire autonome, une contribution essentielle à l’exercice de la citoyenneté et au développement du Québec. La mise en œuvre de cette politique prévoit le rattachement de chaque organisme communautaire à un seul ministère qui financera à la mission les organismes dans le respect de leurs orientations, approches d’intervention et modes de gestion. Le CSAI sera, au même titre que les autres organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes, rattaché au ministère de l’immigration. Dans les faits, la part du financement à la mission restera minime au détriment du financement per capita.

En ce qui concerne les vagues d’immigration successives, l’année 2000 est marquée par la poursuite de l’accueil des Kosovars et de trente familles afghanes et l’arrivée en 2003 des ressortissants de l’Irak.

La communauté des sœurs de l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil, fondatrice et gestionnaire du CSAI, fait face à divers défis : manque d’effectif, vieillissement de la communauté. Ce qui amène les sœurs à manifester en 2003 leur intention de se retirer de la gestion générale de l’organisme.

Le conseil d’administration se questionne sur l’avenir et la prise en charge du CSAI ainsi que sur sa capacité à garder la confiance des principaux bailleurs de fonds. Le conseil d’administration et le personnel élaborent divers scénarios : se joindre à un autre organisme, fermer les portes du CSAI ou encore voler de ses propres ailes avec une direction laïque. C’est finalement la dernière option qui sera retenue. Les défis à relever sont multiples, notamment trouver une personne pour assurer la direction du CSAI et piloter la transition, trouver des locaux pour l’organisme qui était jusque-là hébergé dans un des immeubles de l’Institut.

En octobre 2005, sœur Lorette Langlais quitte officiellement le poste de directrice du CSAI. Sœur Ester Champagne et monsieur Gary Obas sont choisis pour prendre le relai. Ils travaillent en étroite collaboration pour mener à bien les changements prévus : gérer la séparation des biens entre l’Institut Notre-Dame du Bon-Conseil et le CSAI, trouver un nouveau local, organiser le déménagement et consolider le financement de l’organisme.

On ne parle pas d’une séparation, car les sœurs resteront impliquées au CSAI de diverses manières : implication de sœur Esther au sein du conseil d’administration, présence des sœurs dans le cadre de tous les événements importants, support financier pour des projets d’envergure, etc.

Parallèlement à la gestion de ces changement majeurs, le CSAI poursuit ses activités d’accueil et d’intégration des personnes réfugiées et immigrantes avec notamment l’arrivée des ressortissants de la République Démocratique du Congo, du Burundi, du Rwanda, du Proche et du Moyen-Orient.

L’année 2005 marque aussi l’adoption de la plateforme Cap sur l’intégration dans le cadre d’un événement soulignant les 25 ans de la TCRI. Cette plateforme qui définit la vision de l’intégration, les valeurs et les approches des organismes communautaires autonomes du secteur de l’immigration est le fruit de deux ans de réflexion collective auquel le CSAI a participé avec assiduité et enthousiasme. Cette plate-forme est encore à l’heure actuelle une référence pour tous les acteurs, incluant les chercheurs.

C’est aussi en 2005 qu’a lieu le lancement du livre de Frans Van Dun Tout quitter pour la liberté qui retrace le parcours de 6 immigrants aux profils très variés. Les droits d’auteurs sont cédés au CSAI dont les participants ont inspiré les récits. La préface est rédigée par Michaëlle Jean, elle-même issue de l’immigration et le préambule par sœur Denise Lainé, Coordonnatrice de l’intervention sociale au CSAI à cette époque.

En 2008, après 60 ans de présence au 4285 boulevard de Maisonneuve Ouest à Westmount, le CSAI achète un immeuble au 6201 rue Laurendeau à Ville-Émard/Côte St-Paul, à 5 minutes du métro Jolicoeur. Grâce au sens de l’organisation exceptionnel de sœur Esther Champagne et au travail assidu tant des employés du CSAI que des bénévoles, le déménagement se passe bien.  

En 2009, pour la première fois de son histoire, le CSAI devient membre d’une table de concertation locale, la table de quartier de Ville-Émard/Côte St-Paul (VECSP). Le souhait du CSAI de travailler en collaboration et en complémentarité avec les organismes locaux se traduira au fil du temps par une implication croissante dans les instances de concertation locales.

Sylvie Guyon, Stephan Reichhold, Rivka Augenfeld. De la table de concertation des organismes de Montréal au service des réfugiés (TCRM) à la table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes (TCRI), 35 ans de lutte pour le droit de toutes et de tous à une citoyenneté pleine et entière.

De 2010 à 2012 : le CSAI innove et s’implante à Verdun

En janvier 2010, le CSAI démarre un projet pilote d’intervention scolaire interculturelle (ISI) en collaboration avec la Commission scolaire de Montréal (CSDM). Ce projet est financé par la Direction des services aux communautés culturelles du ministère de l’Éducation du Québec (MEQ). Le rôle de cette intervenante est de faciliter les collaborations écoles-familles immigrantes-communauté. Elle assure une présence quotidienne dans deux écoles primaires (Saint-Jean-de-Matha et Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours) et une école secondaire (Honoré Mercier) en support aux élèves des classes d’accueil et de leurs familles. Nous ne sommes pas conscients à l’époque du caractère précurseur des ICI dont les impacts très positifs seront documentés en 2019 par la Table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes[1] (TCRI) et en 2012 par le ministère de l’éducation[2]. Ce qui amènera le ministère de l’éducation, puis le ministère de l’immigration à soutenir leur implantation à la grandeur du Québec. En septembre 2022, le CSAI compte une équipe de 10 ICI.

En décembre 2011, mandaté par le ministère de l’immigration du Québec, le CSAI ouvre un point de service dans l’arrondissement de Verdun au 4400 Boulevard Lasalle. Il s’agit en fait d’un projet pilote d’une durée de 6 mois. Rappelons qu’en 2011, dans cet arrondissement, une personne sur cinq est immigrante. Les 14 540 immigrants résidant à Verdun représentent 22 % de la population. À cela s’ajoute 1 485 résidents non permanents. En outre, Verdun attire de nombreux nouveaux arrivants et en 2011 plus d’un immigrant sur trois est un nouvel immigrant. Dès 2012, deux classes de francisation sont ouvertes et deux intervenants répondent aux demandes d’information et de support des personnes réfugiées et immigrantes du territoire. Moins de trois ans après son ouverture, ce point de service accueille quatre classes de francisation, des services d’accueil et d’intégration ainsi que de nombreuses activités à vocation informatives et sociales.

En 2012, le ministère de l’immigration transfère le service d’employabilité vers Emploi-Québec. Le CSAI signe une première entente avec Emploi-Québec qui sera renouvelée aux 6 mois. Parallèlement, un travail politique collectif est mené à travers le Regroupement national des organismes spécialisés dans l’intégration en emploi des nouveaux arrivants (ROSINI) de la TCRI pour que les organismes en immigration comme le CSAI obtiennent le statut de ressource externe d’Emploi-Québec. Le CSAI signera sa première entente avec Emploi Québec en qualité de ressource externe en octobre 2013.

Fin 2012, le CSAI est mandaté par le ministère de l’immigration dans le cadre du programme des femmes haïtiennes référées par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) pour aider ces femmes à reprendre le cours de leur vie. La première année, le CSAI accueille 13 familles (24 personnes) et développe un partenariat avec le Mouvement contre le viol et l’inceste (RIVO). En effet, ces femmes ont vécu un double traumatisme : le tremblement de terre et de nombreuses agressions perpétrées dans le contexte de désorganisation qui a suivi. L’année suivante, 23 familles seront accueillies (66 personnes dont 31 femmes et 35 enfants). En 2016, étant le seul organisme offrant le Service d’accueil et d’installation des RPCÉ[3] à Montréal, le CSAI sera mandaté par le ministère de l’immigration pour procédé à une évaluation auprès des femmes haïtiennes qui ont été accueillies de 2012 à 2014 dans le cadre de ce programme spécial. Par la suite, le MIFI sollicitera le CSAI à chaque grande crise humanitaire en lui confiant ainsi des mandats spéciaux.

2013 à 2016. Le CSAI mène sa première planification stratégique et pose les fondations de son développement pour les années à venir

En 2013, le CSAI décide pour la première fois de son histoire, de s’engager dans une démarche de planification stratégique et d’élaboration d’un plan d’action triennal.

Dans un premier temps, la consultation de l’ensemble des parties prenantes permet de cibler les forces et les faiblesses du CSAI et d’identifier les menaces et opportunités. Cette première étape permet de baliser les changements à apporter pour une réalisation optimum de la mission du CSAI à tous les niveaux. Ce rapport fournira les bases des changements qui seront apportés au CSAI durant les années à venir.

La grande expertise en matière d’accueil et d’intégration des personnes réfugiées et immigrantes du CSAI qui œuvre depuis 66 ans est une grande force. Les administrateurs et le personnel ont à cœur la mission de l’organisme. En revanche, plusieurs améliorations à apporter sont identifiées qui concernent :

  • Des outils de gestion à mettre en place (planification stratégique, code d’éthique, stratégie d’évaluation des opérations),
  • Un changement de mode de gouvernance à opérer pour passer d’une gouvernance axée sur la gestion financière à un mode de gouvernance communautaire.

En 2013, en vue de se qualifier pour la certification d’organisme communautaire autonome, le CSAI porte un regard critique et révise son mode de gouvernance et de gestion. À l’issue de ce processus ardu, le CSAI obtient l’agrément du ministère de l’Immigration, de la Diversité et de l’Inclusion (M.I.D.I.).

Dans la synergie des conclusions de la planification stratégique et de la préparation de l’audit du MIDI, la structure organisationnelle est revue et de nouveaux employés sont embauchés pour mieux répondre aux besoins des personnes immigrantes de plus en plus nombreuses à solliciter les services du CSAI.

Un Lac-à-l’épaule est organisé en novembre 2014, réunissant administrateurs, employés, bénévoles et usagers qui permet une réflexion collective sur la vision, la mission, les buts, les valeurs, les orientations stratégiques et le plan d’action triennal du CSAI. Le CSAI se donne 4 priorités encore d’actualité :

  • Améliorer les services offerts et la satisfaction des participants
  • Restructurer et améliorer l’efficacité de la gestion interne
  • Améliorer la visibilité du CSAI et les communications
  • Revitaliser la vie associative

L’année 2014 est aussi marquée par le départ du directeur Gary Obas. C’est Lida Aghassi, une employée du CSAI qui assurera l’intérim à partir de mars 2014 jusqu’au recrutement d’une nouvelle direction. Riche des conclusions de l’exercice de planification stratégique, le Conseil d’administration a une vision claire de la personne recherchée. Elle devra piloter les changements attendus dans la gestion de l’organisme. À l’issue d’un processus de dotation rigoureux mené par une firme spécialisée en recrutement et supervisé par le conseil d’administration, c’est finalement Lida Aghasi qui sera choisie pour diriger le CSAI à compter de juin 2014.

À partir de ce moment, le CSAI fait de son implication dans les instances de concertation locales une priorité. À son implication au sein de la table de quartier de VECSP, s’ajoute une participation active à diverses tables sectorielles et groupes de travail du quartier et son implication au sein de la Corporation de développement social de Verdun, la table de quartier de Verdun.

2014-2017. Le CSAI se développe et répond présent pour accueillir les réfugiés syriens

À partir de 2014, le CSAI entre dans une phase de forte croissance. L’organisme diversifie ses activités et ses sources de financement; ce qui lui permet d’expérimenter des activités innovantes favorisant par exemple la participation citoyenne des immigrants dans diverses sphères de la vie (emploi, culture, langue, politique, etc.). Cette croissance va de pairs avec l’embauche de nouveaux employés et l’agrandissement des espaces pour les accueillir.

En 2014, des travaux sont entrepris au siège social de Laurendeau pour agrandir les locaux qui ne permettent plus de loger adéquatement les employés et empêchent l’embauche de nouvelles personnes. En 2015, le CSAI ouvre de nouvelles classes de francisation. En 2016, une halte-garderie est mise sur pied pour accueillir les enfants des étudiants de francisation.

En 2014, le CSAI doit quitter les locaux qu’il occupe au 4400 Boulevard Lasalle et se relocaliser. Avec la précieuse collaboration des employés et l’aide de l’arrondissement, l’organisme réussi à maintenir ses services à partir d’un bureau à la mairie de Verdun. Ce n’est qu’en novembre 2015 que le CSAI trouve un nouveau local à louer au 3782 rue Wellington. Les cours de francisation continueront à se donner au 4400 Boulevard Lasalle.

L’arrivée d’un nouveau gouvernement libéral lors de l’élection fédérale d’octobre 2015 au Canada engendre la mise en place d’un plan ambitieux visant à accueillir 25 000 réfugiés syriens en 100 jours à travers le pays. ­­­En réponse à la crise humanitaire syrienne, dès septembre 2015, le gouvernement du Québec annonce pour sa part son intention d’accueillir 7 300 réfugiés syriens dans l’année et de soutenir les efforts des organismes de coopération internationale québécois oeuvrant sur le terrain. Mandaté par le MIFI, le CSAI accueille les RPCÉ syriens.

Contrairement au reste du Canada qui a choisi de faire venir la majorité des réfugiés syriens via le programme des réfugiés parrainés par l’État (RPCÉ), le Québec a privilégié le programme du parrainage privé. Ce choix représente un défi pour les parrains (églises, organismes communautaires, associations ethniques, groupes de 2 à 5 citoyens) qui ne sont pas outillés pour recevoir et accompagner le nombre exceptionnellement élevé de réfugiés syriens. Le CSAI s’engage alors dans le support aux groupes de parrainage et aux autres acteurs (écoles, garderie, etc.), en offrant des services mais aussi en participant à de nombreuses rencontres d’arrimage avec des acteurs du niveau régional, municipal et local. Pour relever cet immense défi, le CSAI peux compter sur le support financier du MIFI, de la Ville de Montréal, de la Croix Rouge canadienne et de fondations privées telle que Centraide du Grand Montréal. La société de transport de Montréal offre au CSAI 76000 titres de transports que nous partageons avec nos partenaires communautaires. Nous avons aussi été témoins d’un vaste mouvement de solidarité, et les offres de dons et de bénévolat ont fusé de toute part. 

En 2017, des travaux d’agrandissement sont à nouveau entrepris pour répondre aux besoins de l’équipe d’employabilité. Cinq nouveaux bureaux et une salle polyvalente destinée aux ateliers collectifs sont aménagés.

Suite à l’arrivée de Donald Trump à la présidence des États-Unis en 2017, le Québec connait une arrivée importante de demandeurs d’asile. Malgré l’absence de financement à cet effet, le CSAI se mobilise dès leur arrivée pour les aider à remplir leurs demandes de permis de travail, afin qu’ils puissent accéder rapidement au marché du travail.

Le 13 octobre 2017, le CSAI fête ses 70 ans au théâtre Paradoxe à VECSP. Plus de 250 personnes sont présentes : anciens et nouveaux participants, bénévoles, partenaires et autres alliés. Ce moment privilégié est l’occasion de souligner avec fierté le passé et le présent ainsi que la volonté d’aller à la rencontre du futur avec aplomb et enthousiasme.

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